Sunday, September 14, 2008

[FR] Analyse de Google Chrome

Google Chrome arrive sur un marché encombré par :
  • Microsoft Internet Explorer, 70%+ de part de marché, Windows-only (IE7 majoritaire, IE8 en beta2 et prévu pour la fin de l'année)
  • Mozilla Firefox, 20% de part de marché, Windows-Mac-Linux (v3 majoritaire, v3.1 en beta et prévue pour la fin de l'année)
  • Apple Safari, 6.5% de part de marché, Windows-Mac (v3.1, v4 en préparation)
  • Opéra n'a que qques miettes, Windows-Mac-Linux (v9), n'a pas su suivre assez vite, devrait disparaitre définitivement

Sur les téléphones mobiles :
  • Apple Safari (iPhone) : 70%+ de la navigation mobile
  • Microsoft IE (Windows mobile)
  • Opéra sur qques tels Nokia
  • Plus tous les navigateurs propriétaires genre Blackberry, Nokia, etc.
On notera l'absence totale de Firefox sur mobile, lacune béante qui pourrait lui creuser sa tombe.


Quelle importance, tous ces navigateurs ?

Le navigateur est vu par tous comme le système d'exploitation de demain.
Quand on gère ses mails, ses documents, ses sites, ses photos, ses vidéos et qu'on collabore via le navigateur, l'OS devient complètement secondaire. Celui qui contrôle le navigateur pourra en revanche dicter sa loi sur la façon dont on écrit des applications web, et avoir accès à des fonctions réservées à lui seul pour améliorer ses propres services. Ou rendre incompatible le navigateur avec des services concurrents ("bugs malenconteux"), comme cela arrive aujourd'hui avec Windows. Cela procure un avantage concurrentiel fondamental.


A quel type de compétition assiste-t-on ?

Mis à part Microsoft, c'est une compétition Open Source, et cela change radicalement la donne.
Apple Safari vient de WebKit, qui a été développé par la communauté KDE sous Linux (Konqueror).
Apple a contribué à le développer, notamment sur le mobile.
Mozilla Firefox vient de feu Netscape et a été entièrement réécrit par une communauté de développeurs de logiciel libre.
Google Chrome utilise WebKit (comme Safari), ajoute un peu de code de Firefox, et un moteur Javascript "V8" écrit par Google, mais Open Source également. Google a débauché un certain nombre de développeurs de très haut niveau de Firefox.

On assiste donc rapidement à des progrès spectaculaires des navigateurs, d'une part par la réutilisation du coeur des autres produits, et d'autre part par les centaines de millions de dollars investis au vu de l'importance du navigateur.


Que vaut Google Chrome ?

Chrome est très compatible avec l'ensemble du web (même moteur de rendu que Safari).
Son interface est très simple et très efficace, l'installation est facile et l'utilisation intuitive. La page d'accueil a été repensée, la barre de recherche et les onglets aussi. Tout est bien intégré, notamment la recherche sur Google (on peut quand même choisir un autre moteur de recherche).
Chrome sait réutiliser les modules de flash et d'adobe reader (pdf) déjà installés.
Chrome est plus fiable, car il isole chaque site et évite un plantage en cascade.

Chrome est plus rapide :
  • Le moteur de Javascript "V8" semble tenir ses promesses de moteur le plus rapide, mais devrait être supplanté bientôt par ceux de Firefox v3.1 et Safari v4.0. Ces derniers utilisent des techniques de compilation "just in time" (comme Java) avec "traced execution" qui sont ce qui se fait de mieux au niveau de la recherche universitaire dans le domaine.
  • Il utilise un certain nombre de techniques futées pour accélérer la navigation, comme la résolution par avance des DNS des liens qui sont dans la page actuelle, pour afficher plus rapidement le lien cliqué. Elles devraient être rapidement copiées (si ce n'est déjà fait) par les autres.
Chrome est developer-friendly : il inclut par défaut un très bon debugger javascript et les outils de console pour aider le développeur.

Chrome inclus Google Gears, technologie pour faire tourner *offline* les applications web.
(Gears contient une bdd sqllite et une mini serveur local, il faut que l'application soit spécialement écrite pour cela). Google annonce d'ailleurs Gears pour Safari. Apparemment pas beaucoup de succès de cette techno pour l'instant, en compétition avec Adobe AIR et Java.

Pas de plug-ins en revanche, avant la vraie version finale (firefox en a déjà des milliers).
Pas de version Mac ni Linux avant la version finale non plus. Chrome est encore dépendant de certaines parties windows, les certificats SSL clients (cf. interfaces bleues) sont encore les purs wizards d'IE.


Pourquoi une beta maintenant ?

Deux raisons :
  • La première est la sortie d'ici la fin de l'année d'Android, l'OS de Google pour téléphone mobile. Android utilise WebKit et utilisera probablement la version finale de Google Chrome. Il faut donc vérifier que Chrome fonctionne bien avec le web et qu'il ne va pas plomber Android.
  • La deuxième est que Chrome ne va pas rester longtemps le plus rapide et qu'il aurait été difficile de l'annoncer en étant plus lent {;-)


Quel navigateur à l'avenir, qui va s'imposer ?

Pour Firefox:
Google fournit 85% des revenus de la Fondataion Mozilla (page d'accueil Firefox cherche sur Google), à savoir 55 M$.
La concurrence de navigateurs + baisse des moyens financiers + puissance media de Google pourraient bien avoir la peau de Firefox à moyen terme. Le CEO de Mozilla doit sentir comme une corde autour du cou. On peut néanmoins encore avoir des surprises, OpenOffice 3 (soutenu par Sun) se lie à Mozilla Thunderbird, et des sociétés comme Oracle ou IBM ne sont pas encore descendues dans l'arène...

La clef, c'est le mobile:
Au vu des betas d'Android, nous devrions tous finir sous Apple iPhone ou sous un téléphone Google Android.
Windows Mobile est out, complètement dépassé. Nokia pourrait essayer des choses sous Linux mais a priori finira sous Android (qui a un noyau Linux aussi).
En conséquence, les navigateurs sur les mobiles seront Safari et Chrome.
Exit IE, exit Firefox, exit Opéra.

On pourrait alors avoir en cascade (pour meilleure compatibilité) Safari et Chrome qui s'imposent sur les PCs, mais c'est loin loin d'être gagné et les années à venir seront un mélange d'IE (toujours majoritaire mais mauvais), de Firefox, de Google Chrome et d'Apple Safari.
Cela dépendra aussi de la santé de Steve Jobs, dont Apple dépend. Cela dépendra de la qualité (!) de Windows Seven successeur de Vista.
Google, Apple et Microsoft sont tous les 3 prêts à investir des milliards pour leurs navigateurs.
S'il n'y avait pas de fossé culturel, j'aurais bien vu Microsoft racheter Firefox, mais Mozilla préfèrera crever.

En revanche nous devrions avoir une amélioration générale de la compatibilité entre navigateurs, car celui qui ne jouera pas le jeu sera exclu de la course. Ouf !
Le feuilleton ne fait que commencer...

Ah dernière chose. Si Google s'impose, il saura de vous :
quelles pages web vous visitez (Chrome), vos recherches sur Internet (Google Search & Adwords), vos emails et à qui vous écrivez (GMail), où vous êtes (Google Maps avec géolocalisation), vos photos (Picasa), vos videos (YouTube), ce que vous payez (Google Checkout), votre emploi du temps (Google Calendar), vos documents office (Google Docs), etc, etc...
Microsoft a du bon, non ? {;-))

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